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Un nouvel horizon pour l'Accès à l'Électricité au Burundi ?
Dans le cadre du partenariat de la Banque mondiale avec la Banque africaine de développement (BAD) pour fournir l'accès à l'électricité à 300 millions de personnes en Afrique subsaharienne d'ici 2030 - connu sous le nom de Mission 300 - nous avons suivi de près certains changements dans le secteur électrique au Burundi : de nouvelles centrales produisant de l'électricité sont mises en service ; une nouvelle loi sur l'électricité promet de remodeler le paysage du secteur ainsi que la volonté du gouvernement burundais de mobiliser une plus forte participation du secteur privé. Pour un pays où seulement 12 % de la population a accès à l'électricité, je pense que ces changements sont un catalyseur indispensable pour le développement économique et social.
Alors que je suis les progrès du Burundi et même si des défis restent a relever, il est clair que le pays a fait un pas en avant audacieux avec l'objectif ambitieux de fournir un accès universel à l'électricité d'ici 2030. Le gouvernement a également exprimé son intérêt à rejoindre la feuille de route du Pacte national pour l'énergie « Compact » afin d'accélérer le rythme de l'électrification. Cependant, cet objectif doit être soutenu par des réformes structurelles – qui font actuellement défaut – et une forte appropriation par le gouvernement.
Opportunités et défis
La nouvelle loi sur l'électricité, adoptée en mars 2024, comprend des changements majeurs qui doivent être mis en œuvre mais qui pourraient avoir un impact durable sur le secteur. Voici quelques points clés qui me semblent importants :
- Indépendance du régulateur : La nécessité d'une autorité de régulation indépendante pour superviser le secteur de l'électricité a été soulignée. Nous pensons que c'est une étape cruciale pour rendre le système plus transparent et responsable, ce qui devrait inspirer la confiance des investisseurs et protéger les consommateurs.
- Investissements du secteur privé : L'un des aspects les plus enthousiasmants de cette loi est son encouragement à l'implication croissante du secteur privé. En ouvrant la porte aux entreprises privées, le gouvernement espère améliorer l'efficacité et étendre l'accès à l'électricité, en particulier dans les zones mal desservies comme les communautés rurales et éloignées. Cependant, la participation du secteur privé doit être alignée avec les plans de production, de transport et de distribution au moindre coût.
- Accent sur l'électrification rurale: Ce qui a vraiment attiré mon attention, c'est l'accent spécifique de la loi sur l'électrification des zones rurales. C'est là que réside le véritable défi. Il est inspirant de voir comment des projets comme SOLEIL-Nyakiriza apportent déjà des solutions d'électricité décentralisées. Un fonds de subvention, le FESEC, soutient les entreprises privées pour fournir de l'électricité hors réseau à 70 000 ménages et des solutions de cuisson propre à 300 000 ménages. De plus, 400 écoles et 400 centres de santé sont en cours d'électrification.
Mais aussi prometteuses que soient ces réformes, nous avons également constaté qu'il existe des défis à relever pour que le Burundi puisse pleinement tirer parti de ces changements.
- Renforcer les capacités institutionnelles : La capacité de l'autorité de régulation est une pièce cruciale du puzzle, mais elle devra être dotée des ressources et de l'expertise nécessaires pour fonctionner efficacement. J'ai vu à quel point il est important pour les organismes de régulation d'avoir la capacité de gérer un secteur en croissance. Sans cela, il y a un risque que la confiance des investisseurs puisse vaciller.
- Financer l'avenir et assurer la viabilité financière du secteur : L'un des problèmes les plus pressants est le besoin de financement. Le Burundi aura besoin d'investissements substantiels, environ $3 milliards, pour atteindre ses objectifs d'électrification. Obtenir ce type de financement n'est pas facile, mais avec les bonnes politiques et partenariats, le capital nécessaire pourrait affluer. Cela implique également des mesures pour assurer la viabilité financière du secteur de l'énergie. Ajuster les tarifs de l'électricité, introduire un tarif social pour les populations vulnérables et s'assurer que le secteur est financièrement viable sont autant de pièces essentielles du puzzle.
- Améliorer la performance de la REGIDESO : Un autre domaine qui nécessite une attention particulière est la REGIDESO, l'entreprise publique. Il est clair que les défis opérationnels et financiers de la REGIDESO doivent être relevés plus rapidement si elle veut jouer un rôle clé dans cette transformation. J'ai vu des progrès avec des projets comme Projet hydroélectrique de Jiji & Mulembwe mais d'autres réformes sont nécessaires pour garantir que la REGIDESO puisse gérer efficacement et durablement le système électrique.
Le rôle croissant du secteur privé
Le rôle croissant du secteur privé sera crucial dans cette transformation. J'ai pu constater la mobilisation d’entreprises privées, comme Weza Power, Gigawatt et Hydroneo, pour apporter non seulement du capital, mais aussi de l'expertise et de l'innovation.
L'une des initiatives les plus remarquables est l'accord de partenariat public-privé (PPP) intérimaire signé en décembre 2023 entre le gouvernement et Anzana Electric Group. Ce partenariat permet à Weza Power de lancer un projet pilote qui connectera 45 000 ménages, entreprises et industries au cours des deux prochaines années. C'est une initiative passionnante qui non seulement améliorera l'accès à l'électricité, mais introduira également de nouvelles technologies susceptibles de rendre le réseau plus efficace et fiable.
Je trouve inspirant que cette collaboration crée de nouveaux emplois et opportunités économiques. La demande de travailleurs qualifiés augmentera à mesure que ces projets avanceront, et il est excellent de voir le projet ASCENT Burundi financé par la Banque mondiale soutenir le développement de la main-d'œuvre locale grâce à la réhabilitation du centre national de formation.
Mais nous savons tous que pour que cela soit couronné de succès, les réformes doivent se poursuivre. La REGIDESO doit devenir un partenaire plus fiable pour les investisseurs privés, et l'autorité de régulation, l'AREEN, doit rester forte et indépendante pour garantir le bon fonctionnement du secteur.
Le trajet qui reste ne sera pas facile, mais le Burundi a le potentiel d'atteindre ses objectifs énergétiques ambitieux et je suis impatiente de voir où ce voyage mènera le pays—et les millions de Burundais qui bénéficieront de ces changements.